Soulaires
Document réalisé par Michel MERLINGEAS (ancien maire de SOULAIRES) et président de l’Association de Recherche Historique de Soulaires (ARHS).
La commune de Soulaires est située dans le département d’Eure-et-Loir au nord du plateau de Beauce sur la rive droite de la rivière Eure à environ 15 kilomètres au nord-est de Chartres. Trois moulins sont installés le long du cours d’eau sur la partie traversant le territoire communal : les Moulins de Soulaires, de Chartainvilliers, du Breuil ainsi que le lavoir communal.
A l’origine il existait deux lavoirs mais un seul subsiste ; il était encore utilisé en 1956. Au nord limite Bailleau- Armenonvile et Saint-Piat a été créé entre 1939 et 1945, un fossé artificiel à qui l’on a donné le nom de Jouvence. Celui-ci recueille les eaux des plateaux depuis Umpeau pour les conduire jusqu’à l’Eure au Moulin de Dionval (Commune de Saint-Piat).
Les communes limitrophes sont Jouy à l’ouest, Saint-Piat au nord, Bailleau-Armenonville au nord- est, Coltainville au sud.
Le nom du village
Les anciennes orthographes de Soulaires Villa austrum vel solierrium vers 1125, Sollerrum vers 1128 (Cartuaire de Josaphat), Solariae vers 1140 (Saint-Pere p 378),
Solerreis 1211 (Saint-Cheron),
Solerres vers 1250, Soloires vers 1250, Sollaire 1256, Sollerres 1270 (Vaux de Cernay), Solerrae 1343, Soulerres 1366 (Contrat de chapitre)
Soullerres 1458, Souloyrre 1565 (Navigation de l’Eure) Soulaires 1736 (Pouillé du XVIIIème siècle)
Toutes ces mentions représentent un nom prononcé SOULAIRES dès le XIIIème siècle (l’s final a pu se prononcer jusqu’au XVème siècle).
Pour « Soulières », ensemble de soliers (ancien français : étages, greniers ; sur le latin solum « sol »), souvent bien exposés au soleil, d’où comme ici, attraction de soulaire (« soleil levant, vent d’est » ; sur le latin sol « soleil »). Une villa gallo-romaine sur la Butte-Haute(1), n’eût pas suffi à faire du bourg une forteresse gauloise en durum. Le scribe de 1125 commente par « village au soleil ». Mais austrum est ambigu. Désignant le sud (d’où l’Australie, l’hémisphère austral), il est aussi sous l’influence d’oster germanique, appliqué à l’est (d’où l’Austrasie, Francie de l’est ; comparer l’Autriche).
En fait le village s’étirant dans un creux, d’ouest en est, les granges s’ouvraient vers le sud. Source : « Les noms des villes et des villages d’Eure et Loir »; Guy Villette avec la collaboration de Georges Bonnebas – cddp Eure & loir
Abbé Guy Villette, ancien Maître de conférences à l’institut catholique de PARIS, correspondant des Archives Nationales pour la toponymie française.
La Préhistoire
Aucune trace d’habitat Les seuls éléments en rapport avec cette époque sont des outils en pierre taillée qui ont été trouvés dans les champs.
La Gaule romaine
Lors de travaux d’assainissement hydraulique au lieudit Les Thuillots sur la commune de Coltainville (Limite Soulaires Coltainville) un ouvrage de maçonnerie a été découvert. La présence d’une villa gallo-romaine sur ce site a été confirmée par des photos aériennes et une campagne de fouilles réalisées par l’ARHS, qui permit de mettre à jour une partie des thermes de la villa.
Le moyen-âge
C’est depuis 1125 que nous sommes certains de l’existence physique de Soulaires sur le site actuel (cf. chapitre « Nom du village » ci-dessus). Le village dépendait du fief féodal de Gallardon. En 1250, la population devait être d’environ 160 personnes. Une partie de l’église date de cette époque. Vers 1289, selon le souhait d’Agnès de Maërolles, châtelaine de Soulaires et de Gallardon, on inhuma son corps probablement dans le chœur de l’église sous une pierre tombale. Cette dernière est exposée depuis 1985, dans la chapelle nord.
En 1415, Jacques Lambert seigneur de Soulaires est porteur des lettres de sa majesté, Charles VI, afin de procéder à l’élection de Philippe de Boisgilloud (1415-1418) au siège d’évêque de Chartres.
De la renaissance au XVIII
Vers 1504 et 1535-1540, sous l’impulsion de la famille de Chambon d’Aigueperse nouvellement installée en pays de Beauce. On agrandit et on transforma le chœur de l’église qui fut doté d’une belle charpente sculptée. Travaux réalisés par le maitre maçon chartrain Jacques Beaunier. Puis le village passa des mains des Chambon aux Violes par faute d’héritiers mâle en 1562- 1563.
L’un des plus éminent représentant de cette famille est Eustache Viole qui aux dires de la famille ramassa en 1590, la cornette (étendard) du futur roi Henri IV lors de la bataille d’Yvry. Il devint commissaire réformateur pour les abbayes chartraines.
Plus tard, de nombreux procès opposèrent les bourgeois de Chartres et les seigneurs du village lors des tentatives à rendre l’Eure navigable. (Procès des portes à bateaux).
Du XIX à aujourd’hui
La population de Soulaires n’a cessé d’augmenter depuis le fin du moyen-âge. En 1856 on dénombre 482 habitants. Après la guerre de 1871 la courbe s’infléchit et on ne dénombrera plus que 289 habitants vers 1980.
Peu de commerces dans la commune ; en 1836 nous trouvons 4 épiciers et un charcutier. Un bar épicerie subsistera jusqu’en 2002.
Le métier de vigneron restera jusqu’à l’arrivée du phylloxera, vers 1908, l’activité prépondérante devant celle de cultivateur. Les vignes étaient situées sur le versant ouest de l’Eure.
Quelques restes de cette activité sont encore visibles. En 1910 la production viticole étant réduite à néant les vignerons se réorientèrent vers l’agriculture et les vignes furent remplacées par des pommiers pour faire du cidre.
En 1821, M. Delamolère installa dans la ferme de M. Lelong, propriétaire exploitant 600 hectares un moulin à vent, plus performant, plus moderne, moins coûteux à construire, il tournait encore 1835. M. Auguste Delamolère a été, pour son invention, lauréat d’un prix de 4.000 francs (valeur du moulin construit: 2600 francs) décerné en 1824, par la Société D’encouragement pour l’industrie nationale.
Aujourd’hui l’activité principal de la commune est axée sur l’agriculture ; il ne reste que deux exploitants. Lors du recensement de 1954 on ne dénombre plus que 11 ouvriers agricoles.
A noter la présence de nombreuses marnières dont celle du célèbre « Coco » qui vendait la marne aux cultivateurs et fournissait en chaux les maçons des environs. On peut voir encore aujourd’hui les restes de ses ouvrages le long du chemin du Plessis à la limite de Saint-Piat. L’électricité fera son apparition dans la commune en 1923 et le réseau d’eau potable sera réalisée jour en 1932. Avant ces travaux les habitants s’approvisionnaient en eau aux pompes communales. Elles subsistent encore aujourd’hui, une à l’angle de la Grande rue et de la rue de Chartres, une sur la place de la Mairie, une rue du Bout aux Juifs et la dernière rue Saint Jacques. De nombreuses mares permettaient aux animaux de s’abreuver. Elles ont toutes été comblés saufs quelques-unes situées chez des particuliers. L’alimentation en eau potable est assurée aujourd’hui par le syndicat intercommunal de pompage de la région de Soulaires qui dessert aussi les communes de Gasville Oisème, Jouy, Coltainville, Berchères Saint-Germain, Bouglainval, Chartainvilliers, Saint-Piat et Mévoisins soit environ 8000 habitants.
Au XIXe siècle la propriété de M. Bonnet fut morcelée, une partie revint à Mme Bonnet née Lelong. Elle fit don de ce bâtiment à la commune en 1876. Celui-ci abrite aujourd’hui les locaux de la Mairie et 5 logements locatifs. Une autre partie de la propriété, le Petit Manoir, fut donnée à La Croix Rouge en 1946 et transformée en centre d’accueil pour l’association des enfants déficients du 18e arrondissement de Paris
Il n’y a plus d’école à Soulaires depuis les années 90. Les enfants sont scolarisés au sein du Regroupement Pédagogique Saint-Piat Mévoisins, Chartainvilliers et réparti sur deux sites à Saint-Piat pour les cycles 1 et 2 à Chartainvilliers pour le cycle 3.
Pour le secondaire Soulaires est rattaché au collège de Maintenon, quant aux lycéens ils fréquentent les établissements de Chartres.
Soulaires dut subir comme toutes les autres communes de France les affres de la guerre. En 1870 aux mois de novembre et décembre elle fut investi par les troupes prussiennes. Une seule victime à déplorer le facteur qui venait de distribuer le courrier à Soulaires et qui fut abattu sur son chemin de retour vers Jouy. Les habitants furent confrontés à des vols et à de nombreuses réquisitions. Lors de la première guerre mondiale sept natifs de Soulaires sont morts lors des combats entre 1914 et 1918. On dénombre aussi une victime lors des guerres coloniales au
Maroc et une dernière lors et de la deuxième guerre mondiale. Leurs noms sont gravés sur le monument aux morts avec la mention Morts pour la France.
Le cimetière du village s’honore de posséder les tombes de deux aviateurs de la RAF, HAMILTON Ian Mackenzie et LANE John William dont l’avion touché par la DCA allemande lors d’un raid sur la gare de Versailles Matelots est venu s’écraser dans les bois de Soulaires le 8 juin 1944. Les cinq autres membres de l’équipage ayant pu sauter en parachute.
Bibliographie
Monographie R. Spianti 1956
Revue ARHS : Austrum Vel Solierrium n° 1 à 36
« Les noms des villes et des villages d’Eure et Loir »; Guy Villette avec la collaboration de Georges Bonnebas – cddp Eure & loir
ARHS : Villa Gallo-Romaine Coltainville les Thuillots, rapport de fouilles 1989 – H. Selles avec l’autorisation de M. VIE
Soulaires : Archives municipales
Conseil Général d’Eure-et-Loir : Archives départementales.